Les mystères de la musique de film
On dit de la musique de film qu’elle remplace la musique classique qui n’est plus guère écoutée (Gabriel Yared). On dit qu’elle n’est parfois malheureusement que du papier peint (Igor Stravinski). On dit qu’elle devrait idéalement pouvoir s’écouter sans le film pour lequel elle a été créée (Alexandre Desplat). On dit qu’elle peut transcender un bon film, mais qu’elle ne peut pas sauver un mauvais film.
Elle pourrait rendre un flm pédant si elle était trop complexe, et à l’inverse, Hans Zimmer essuie des critiques selon lesquelles sa musique serait trop simple. Mais pourquoi diable a-t-il donc signé plus de 150 partitions ?
D’aucuns la considèrent comme un genre à part (« c’est de la musique de film, ça s’entend »). Cette limite évoque hélas à demi-mots, et ça, je le déplore personnellement, une sorte de relégation à un prétendu sous-genre. La musique de film n’est pas à mes yeux (ni à mes oreilles) une sous-catégorie de musique, une sorte de pis-aller simpliste.
Alors, oui, peut-être que l’industrie du cinéma est en plein mouvement, et que les budgets se réduisent comme peau de chagrin ; sans doute aussi la mise à disposition de technologies de pointe, inimaginables voici 30 ans, perturbe-t-elle l’ordre établi (tant mieux pour moi, je connais à peine la théorie musicale !), et peut-être même qu’elle appauvrit le vivier musical. Oui c’est possible.
Tout cela mérite notre attention, mais ne devrait pas nous détourner de l’essentiel : le compositeur de musique de film est avant tout un spécialiste du récit, qui utilise un art formidable pour servir une narration. Sa mission est de pousser le propos plus loin, de donner vie et corps aux personnages, de transporter même, s’il y arrive, le spectateur au-delà des espoirs les plus fous du réalisateur et de son producteur.
Devant une telle complexité, et aussi un tel pouvoir, les réalisateurs parfois embrassent la musique de film et en font un outil magnifique, et parfois aussi ils la craignent et repoussent le moment où il faudra, hélas ! recourir à un musicien.
Quoiqu’il en soit, compositeur de musique de f.. heu pardon de musique pour film est un métier formidable, et je vous souhaite une bonne visite !
Michel